Navoski, diplômé des Beaux-arts, accompagne une exposition à La Châtaigneraie

Navoski, diplômé des Beaux-arts, accompagne une exposition à La Châtaigneraie

L’espace d’exposition La Châtaigneraie (Liège) propose l’exposition ABRAZARSE, du trio féminin, le Colectivo Primas-Hermanas (Collectif cousines-sœurs). Ce trio réunit, entre autres, l’artiste bien connue Cathy Alvarez Valle (site). Accompagnant cette exposition, dans le cadre de l’Espace à vue, une installation de Navoski. Ce jeune artiste a effectué ses études au sein des Beaux-arts de Liège, à l’atelier de Vidéographie. Biographie par son auteur :

« NAVOSKI, né un 27 juin 2000.
À Seraing.
Cause de naissance : un stérilet défectueux.
L’enfant que j’étais ne m’a rien laissé, ou presque. Quelques rares souvenirs me reviennent. Le petit pirate cherchant un trésor au fond du jardin.
L’amour de mes doudous. Ma mère, baisée.
Le petit chevalier, parce que je n’ai pas été que pirate, défendant ses murailles, tuant, aimant ; tentant de calmer son “mal être” dans des histoires.
Une enfance coincée entre des parents divorcés.
Adolescence compliquée.
Perdu dans ma sexualité.
Puis Papa était méchant et aimant. Plus je grandissais, plus on m’expliquait ce que j’avais (à) oublié(r). Me voilà, lâché dans cet océan de gens à la pensée unique. 16 ans, une rencontre : l’art et moi.
Depuis notre rencontre, j’ai retrouvé une force de vie, d’envie, un désir, un but, je suis poussé incontestablement par la mort, du moins la question ou les questions autour, à propos de la mort. Qu’est-ce qui me travaille, pourquoi elle me travaille ? Pourquoi et en quoi ces questions deviennent presque obsessionnelles ? Deviennent le centre de mes préoccupations. Depuis, en constante recherche, en questionnement permanent, comment se trouver, non éloigné de la question pourquoi se trouver, tout en gardant en tâche de fond dans mes recherches, qu’iI ne faut pas perde de temps parce qu’il y a ce flingue pointé sur ma tempe, prêt à m’exploser la ganache.
J’entame un parcours artistique, en débutant par des “études” en photographie, je poursuis vers la vidéographie, ce qui m’a permis de découvrir et d’explorer des champs plastiques singulièrement liés à la question de l’autre, du corps, de l’espace, l’espace photographique et filmique, moi dans le monde. Me (re)mettre au monde. “Je” non plus comme individualité narcissique, mais le “Je” à travers l’autre, via des expériences, via la mise en scène de soi, la mise en scène du “Je” comme enjeu. Remettre “l’humain” au centre de mes préoccupations artistiques. Mais avec quels outils, quel terrain de jeu, quel langage ? » (Navoski).

L’installation de Navoski propose vidéo et photographie, à partir entre autre de performances. Présentation par son auteur :

« GUÉRIR N’EST PAS OUBLIER
Une action. Un geste.
Se faire marquer au fer rouge. Non pas ANARCHIE tatoué sur un bras.
Mais, se faire brûler la peau. Incendier sa propre chair. Se faire creuser l’épiderme jusqu’à la veine.
Huit trombones métalliques, modelés en forme de lettres, chauffer à blanc, appuyés contre la chair de mon dos, et me voilà marqué à vie jusqu’à ma propre mort du prénom MATHILDE.
Nous portons le poids de nos morts. Les oublier serait les condamner à une seconde disparition. Comment les faire (re)vivre ?
Donner un second souffle à ceux qui n’en ont plus ?
Être confronté à l’impossible résilience face au deuil. Faire trace. Combattre l’oubli ou faire résistance face à l’oubli.
Il y a eu le temps de l’action. Le temps du soin médical. Le temps de la guérison. Le temps de le porter, gravé dans la chair. Il a fallu des pansements et des pommades spéciales contre les brûlures. Un traitement douloureux et rigoureux.
J’ai pu conserver quelques-uns de ces pansements. Le pus collé au pansement, y formant les lettres de son prénom. Je guérissais physiquement. Lentement. Je les ai gardés juste en souvenir, sans aucune intention de les exposer un jour.
Un jour, j’ai sorti les pansements d’une boîte glissé sous mon lit, et comme une évidence, je les ai assemblés. Ça formait des mots qui formaient des phrases et qui formaient un paragraphe. C’est à cet instant que cela a pris sens à mes yeux. C’est l’isolement d’un paragraphe écrit dans une histoire, une histoire dont on ne connaît ni le début, ni la fin, mais on aperçoit ce moment de guérison grâce au pus, au sang séché sur les pansements. Un paragraphe à trous, avec des demi-mots, des mots entiers, des mots profonds à des mots qui s’effacent lentement, inéluctablement vers ma propre finitude. Un paragraphe sur le deuil et le chemin à parcourir vers la résilience. Guérir n’est pas oublier. » (Navoski).

L’exposition dure du samedi 8 mars au dimanche 4 mai 2025. Le vernissage est prévu ce vendredi 7 mars, 18 h 30.

Plus d’informations
Page de présentation de l’exposition sur le site de son organisateur

630 630 Bernard Secondini