
``L’hommage aux héros de la colonisation``
Tout au long de la période coloniale, l’exploitation exacerbée des ressources et des populations du Congo a enrichi la Belgique mais surtout certains groupes financiers et intérêts privés. A l’époque, peu de voix s’élevaient pour remettre en cause les multiples extensions de souveraineté des pays européens et les mythes civilisateurs qui leur étaient associés.
En présentant ce QR-Code, les Beaux-Arts de Liège s’associent à tous ceux qui mènent un travail de mémoire. Il s’agit d’inviter à contextualiser la colonisation belge et, au-delà, dénoncer ses dérives en préservant les monuments qui ont porté son idéologie comme des témoins d’un passé dont il convient de tirer les leçons.
Cette démarche s’intègre à une volonté plus générale d’attachement aux valeurs démocratiques et à l’inclusion de tout.e.s.
Albert Ciamberlani (1864-1956), l’auteur de cette peinture monumentale décorant aujourd’hui le grand escalier des Beaux-Arts de Liège, est né à Bruxelles d’un père italien et d’une mère flamande. Après un court séjour à l’Académie de sa ville natale, dans la classe de Jean-François Portaels, il rejoint le groupe « L’Essor » avant de fonder le cercle « Pour l’Art » avec Jean Delville, Emile Fabry et Victor Rousseau notamment. En cette fin de siècle, ces artistes participent de la mouvance symboliste. L’esprit littéraire, l’idéalisme et l’allégorie soufflent alors sur les Beaux-Arts.
En France, Pierre Puvis de Chavannes a ouvert une voie qui renouvelle la peinture monumentale : de grandes compositions claires, statiques, des tonalités mates, des personnages aux gestes lents, le silence. Albert Ciamberlani retient la leçon. L’hommage aux héros de la colonisation n’a pas été conçue pour le bâtiment de la rue des Anglais, même si l’œuvre, par sa taille et par ces tonalités qui s’accordent avec celles du marbre de l’escalier, paraît s’intégrer parfaitement à l’espace. La peinture a été exécutée pour le pavillon de l’Etat indépendant du Congo à l’occasion de l’Exposition universelle de Liège en 1905. Elle a été achetée en 1929 pour le Musée des Beaux-Arts qui jouxtait alors l’Académie. L’entrée de ce musée se trouvait rue de Bruxelles avant les travaux d’aménagement du quartier à la fin des années septante. On pouvait y accéder directement depuis l’Académie par l’escalier qui se trouve au fond de la salle d’exposition qui jouxte la cafétéria. Musée et Académie faisaient partie d’un seul complexe avec, à sa tête, une même personne à la fois directeur de l’école et conservateur des collections.
Etant donné sa taille exceptionnelle, la peinture a été installée dans l’entre-deux-guerres dans le grand escalier sur le seul mur qui était susceptible de l’accueillir !
Albert Ciamberlani a travaillé pour d’autres sites : les Hôtels de Ville de Saint-Gilles et de Schaerbeek, le Musée de Tervuren, le Cinquantenaire et les Palais de Justice de Louvain et de Bruxelles.